dimanche 9 avril 2017

DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION


9/04/17

Matthieu 26,14-27,66

C’est avec la lecture de la Passion du Seigneur selon saint Matthieu que nous commençons la semaine sainte. L’évangéliste voit dans la Passion et la mort de Jésus l’accomplissement des Ecritures. L’Ancienne Alliance s’accomplit dans la nouvelle Alliance, le sang de Jésus est bien le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés. Pour nous rapporter les événements tragiques du vendredi saint, Matthieu utilise de nombreuses expressions du psaume 21, si bien que ce que vit Jésus à ce moment-là est compris comme l’accomplissement de ce psaume. L’humanité de Jésus est mise en avant, et cela dès le récit de l’agonie dans le jardin des oliviers. Les paroles que le Seigneur adresse alors à ses disciples comme à Dieu montrent qu’il ne va pas au-devant de la croix à la manière d’un antique héros impassible : Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. » Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » L’intense souffrance morale de Jésus précède la souffrance physique que la Passion va infliger à son corps. Cette souffrance morale se caractérise dans le récit de saint Matthieu par le sentiment d’abandon et de solitude. C’est d’abord l’abandon des disciples accompagné par la trahison de Judas et le reniement de Pierre : Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. Sur la croix le Seigneur prononce une unique parole qu’il emprunte au commencement du psaume 21 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Cette parole fait écho aux railleries des autorités religieuses du peuple qui se réjouissent d’avoir pu enfin condamner au silence cet homme en le faisant crucifier par Pilate : Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ! Car il a dit : “Je suis Fils de Dieu.” En mourant sur la croix, Jésus sait qu’il accomplit les Ecritures et la volonté de son Père en vue de notre réconciliation et de notre sanctification. D’une manière incompréhensible pour nous, lui, qui est vraiment Dieu et vraiment homme, fait la douloureuse expérience du silence et de l’apparente absence de son Père. Le déchirement de son corps accablé de souffrances s’accompagne du déchirement de son âme. L’interrogation empruntée au psaume indique l’intensité de l’épreuve qui est celle du Christ quelques instants avant sa mort en croix. Il n’en demeure pas moins le Fils de Dieu, le Sauveur de l’humanité. Cela signifie qu’il est aussi déjà habité par les prémisses de la lumière de Pâques. Il sait à ce moment précis, au sein même de ce sentiment d’abandon, qu’il est vainqueur du mal et de la mort. Il fait siennes les paroles d’espérance qui concluent le psaume 21 :


Tu m'as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël. Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte. Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses... Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre !

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