3/05/15
Jean 15,
1-8
Dans la deuxième lecture et
l’Evangile de ce dimanche, saint Jean utilise à de nombreuses reprises le verbe
« demeurer ». Ce verbe nous parle de la relation intérieure et
profonde que nous avons avec le Christ et avec Dieu. C’est le verbe de la vie
spirituelle et de l’intériorité. Et l’image de la vigne n’est utilisée par
Jésus que pour illustrer cette réalité nommée « inhabitation
divine ».
« Demeurez en moi, comme moi
en vous ». Nous le comprenons, le verbe « demeurer » désigne la
relation unique que Jésus veut avoir avec nous et la relation que nous pouvons
avoir avec Lui. Dieu, en Jésus, est un « au-delà au-dedans » pour reprendre
une belle expression de Maurice Zundel. Mais comment pouvons-nous savoir que
Dieu demeure en nous et que nous demeurons en Lui ? La deuxième lecture
nous donne une indication concrète :
« Celui qui est fidèle à ses
commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons
qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit ».
Nous le voyons, la communion
authentique avec le Seigneur est en même temps spirituelle et très concrète. Le
spirituel dans l’enseignement de Jésus a toujours un effet concret dans notre
vie. Si l’Esprit habite en nous, alors oui, Dieu demeure en nous. Il ne nous
reste plus extérieur, mais il se fait intérieur à ce qui constitue le cœur le
plus intime de notre personne. Le mystère de Dieu se joint ainsi au mystère
même de notre personne humaine. Car, est-il besoin de le rappeler, si Dieu, en
tant qu’au-delà de tout créé, est mystère, nous sommes aussi pour nous-mêmes un
mystère. Nous pensons nous connaître, mais bien souvent nous n’avons qu’une
connaissance très limitée de ce qui fait que nous sommes une personne humaine
unique, créée à l’image de Dieu et selon sa ressemblance. En même temps c’est
par notre fidélité aux commandements du Seigneur que nous pouvons savoir que
nous demeurons en Lui et Lui en nous. Il s’agit toujours d’aimer « non pas
avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ». Les
commandements du Seigneur nous sont donnés pour nous permettre d’ajuster sans
cesse notre vie à ce qui est vrai, bon et juste.
L’image de la vigne ne dit pas
autre chose : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure,
celui-là donne beaucoup de fruit ». Donner beaucoup de fruit et être
fidèle aux commandements, c’est une même et unique réalité. Simplement Jésus
nous rappelle avec force que nous en sommes incapables si nous nous confions
seulement à nos forces humaines. En plus de notre bonne volonté, nous avons
besoin de la grâce du Christ, de son aide et de sa présence, pour porter du
fruit en observant ses commandements. « Car, en dehors de moi, vous ne
pouvez rien faire ».
La liturgie de la Parole nous
enseigne donc le lien étroit qui existe entre d’une part notre vie de prière,
notre vie sacramentelle, et d’autre part notre action en ce monde. Le cœur à
cœur invisible de la prière, s’il est vraiment rencontre avec le Seigneur,
donnera comme fruit visible les œuvres de charité. En ces jours qui nous
acheminent peu à peu vers la solennité de la Pentecôte et la célébration de la
confirmation le 31 mai, il nous est bon de réentendre l’enseignement de saint
Paul dans sa lettre aux Galates : « Voici le fruit de l’Esprit :
amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et
maîtrise de soi. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair,
avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre,
marchons sous la conduite de l’Esprit. »
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