dimanche 15 juin 2014

LA SAINTE TRINITE

15/06/14

Jean 3, 16-18

Après la Pentecôte nous reprenons le cours du temps ordinaire jusqu’à la fin de l’année liturgique. Mais les deux dimanches qui suivent la Pentecôte sont consacrés à la Sainte Trinité et au Saint Sacrement. La fête de ce dimanche, la Sainte Trinité, a un statut particulier parmi toutes les fêtes de l’année liturgique. En effet la majorité de ces fêtes se réfère au mystère de l’incarnation : de Noël à la Pentecôte en passant par Pâques c’est le mystère de Jésus que nous contemplons. C’est la révélation du Fils de Dieu dans notre histoire humaine. Toutes ces fêtes liturgiques sont donc liées à notre histoire. Elles nous parlent toutes d’une manière ou d’une autre de l’Alliance que Dieu veut faire avec son peuple et avec chacune de ses créatures. La fête de la Sainte Trinité est différente car elle nous invite à contempler le mystère de Dieu en lui-même. Elle répond à la question théologique par excellence : Qui est Dieu ? Quelle est sa nature, son être le plus intime ? Bien sûr c’est par la révélation que Dieu fait de lui-même dans l’histoire, et principalement par Jésus, que nous pouvons répondre à ces questions. C’est en vivant de l’Alliance offerte par Dieu que des hommes ont pu apprendre à mieux le connaître. Mais il n’en reste pas moins vrai que la fête de ce dimanche nous transporte au cœur même du mystère de Dieu.

Dans l’Eglise il y a toujours eu en même temps qu’une théologie positive ce que l’on appelle une théologie négative. La théologie positive c’est celle qui affirme de Dieu quelque chose : comme, par exemple, lorsque nous disons que Dieu est bon, juste ou encore qu’il est amour. La théologie positive nous aide à pénétrer dans la connaissance de Dieu. Mais le risque est grand pour nous de penser que nous pouvons comprendre Dieu avec nos mots humains ou pire encore l’enfermer dans un Credo. La théologie négative a pour fonction de nous préserver de cette tentation en affirmant la transcendance divine. Au 9ème siècle le théologien Jean Scot Erigène affirmait : « Nous ne savons pas ce qu'est Dieu. Dieu lui-même ignore ce qu'il est parce qu'il n'est pas quelque chose. Littéralement Dieu n'est pas, parce qu'il transcende l'être. » Pour reprendre les exemples donnés plus haut la théologie négative dira que Dieu n’est pas bon comme nous pouvons l’être ou que Dieu n’est pas juste à la manière des hommes etc. Cette manière d’approcher le mystère divin est déjà présente dans la révélation biblique elle-même. De nombreux passages soulignent en effet la différence essentielle entre Dieu et ses créatures. Qu’il nous suffise de penser à cet oracle d’Isaïe que Jésus reprendra pour réprimander Pierre : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » En disant du Dieu de la révélation biblique qu’il est Trinité nous affirmons en même temps son unité et les trois personnes divines du Père, du Fils et de l’Esprit. En Dieu la relation est une réalité essentielle. Le Dieu trinitaire n’est pas solitaire. Il est communion de personnes en relation permanente les unes avec les autres. Ces relations en Dieu sont toutes des relations d’amour. L’Esprit de Pentecôte est l’amour commun du Père et du Fils. Dieu est Amour, voilà l’une des rares définitions de Dieu que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Et c’est bien de cette définition que toutes les autres dépendent. C’est parce que Dieu est amour en lui-même qu’il est aussi par rapport à nous « tendre et miséricordieux, lent à la colère ». C’est parce que Dieu est amour qu’il nous a donné son Fils unique, Jésus, non pas pour nous juger ou nous condamner mais bien pour nous sauver. La Trinité est un mystère de foi. Mais nous comprenons bien que c’est dans la mesure où nous vivons de la charité de Dieu que nous pourrons progresser dans la connaissance que nous avons de lui. Au baptême nous recevons les dons de la foi, de la charité et de l’espérance. C’est en pratiquant ces vertus, en leur permettant de se déployer à travers toute notre vie, que nous connaîtrons Dieu non pas à la manière des philosophes mais en chrétiens. C’est la raison pour laquelle le Seigneur Jésus a fait de l’amour du prochain le test véritable de notre amour pour Dieu.

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