dimanche 5 janvier 2014

ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

Epiphanie du Seigneur

5/01/2014

Matthieu 2, 1-12

Nous connaissons tous le sens théologique de la fête de l’Epiphanie. Il est parfaitement résumé par saint Paul, l’apôtre des païens, dans la deuxième lecture :

« Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Evangile. »

La visite des mages à Bethléem signifie en effet l’universalité du salut offert par Dieu en Jésus-Christ. C’est encore saint Paul qui affirme d’une manière très claire cet amour universel de Dieu pour tous les hommes :

« Dieu, notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. »

Dans sa lettre aux Galates l’apôtre nous montre les conséquences libératrices de la nouvelle Alliance pour notre humanité :

« En Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, c'est vous qui êtes la descendance d'Abraham ; et l'héritage que Dieu lui a promis, c'est à vous qu'il revient. »

Dans la liturgie de la parole de cette solennité je voudrais relever deux éléments qui nous parlent de cette relation du particulier à l’universel ainsi que de la nouveauté apportée par la naissance de l’enfant Jésus à Bethléem. Dans la première lecture Isaïe voit la marche des nations vers Jérusalem. Or dans le récit de saint Matthieu nous constatons un contraste évident entre Jérusalem, la ville d’Hérode et de l’élite religieuse d’Israël, et Bethléem, le lieu choisi par Dieu pour nous donner son Fils. Certes les mages venus d’Orient font halte à Jérusalem pour se renseigner mais le but de leur voyage c’est bien Bethléem. Jérusalem représente ici les ténèbres de l’aveuglement de ceux qui savent mais n’agissent pas en conséquence. C’est sur Bethléem que brille la lumière de l’étoile. Lumière perceptible non seulement par les Juifs mais par tous les peuples. Jérusalem représente le lieu du pouvoir et du savoir, elle est la capitale du Judaïsme. Et comme toutes les capitales c’est une ville tentée par l’orgueil. Bethléem est quant à elle la ville de l’adoration et du don, la ville dans laquelle il faut se faire petit et humble en présence de la révélation de la gloire de Dieu dans un nouveau-né. L’offrande de l’or, de l’encens et de la myrrhe n’a en effet de valeur que dans la mesure où elle correspond à l’offrande intérieure que les mages font d’eux-mêmes à l’enfant. Si à l’aller les mages passent par Jérusalem, au retour ils évitent cette ville. Ils sont comblés, ils n’ont plus besoin de consulter les savants d’Israël.

Les divers noms donnés à l’enfant qui vient de naître sont eux aussi intéressants : roi des Juifs, Messie, chef et berger d’Israël. Mais si Jésus n’était que le roi des Juifs pourquoi donc des mages, des païens, se seraient déplacés de si loin pour venir lui rendre hommage ? Remarquons le changement lorsque Matthieu nous dépeint l’arrivée des mages auprès du nouveau-né. Le seul titre qui lui est donné est tout simple : l’enfant. Voilà un nom universel qui parle au cœur de tous les peuples. Nous savons que Jésus est bien plus que le roi des Juifs ou encore même le Messie. Nous retrouverons ces titres à l’autre bout de l’Evangile, lors de la Passion du Seigneur. Si au moment de la naissance ce sont des étrangers qui adorent l’enfant, au moment de la Passion c’est encore une étranger, Ponce Pilate, qui, sans le savoir, donne au Christ l’un de ses plus beaux noms, un nom universel comme l’était celui de l’enfant : « Voici l’homme ! » Et c’est dans la bouche d’un officier romain, au pied de la croix, que l’identité véritable de Jésus nous est donnée : « Vraiment, celui-ci était fils de Dieu. » Le parcours des mages nous fait passer du roi des Juifs au Christ roi de l’univers. C’est tout le sens de la fête de l’Epiphanie : révéler au monde un Sauveur issu d’Israël qui est en même temps le Sauveur de tous les hommes. C’est dans le Christ en effet que tout le genre humain peut retrouver son unité profonde.

Aucun commentaire: