dimanche 3 novembre 2013

TOUSSAINT



Toussaint 2013

Qu’est-ce que la sainteté chrétienne ? La Bible répond de bien des manières à cette question que nous pouvons nous poser en cette fête de la Toussaint. La sainteté est une réalité tellement riche qu’il est impossible en effet de l’enfermer dans une seule définition. C’est logique si l’on comprend bien que la sainteté est un don de Dieu et qu’elle est dans la personne des saints et des saintes un reflet de sa gloire. Personne ne peut définir qui est Dieu de manière satisfaisante. Seul Jésus nous a montré en sa personne, par ses actes et ses paroles, qui est Dieu. Aussi lorsque la Bible nous dit que Dieu est amour ou qu’il est esprit, elle nous enseigne bien la vérité. Mais en disant cela elle ne prétend pas enfermer le mystère de Dieu dans nos pauvres définitions humaines, forcément limitées et imparfaites. Il en va de même pour la sainteté, tout simplement parce que la sainteté des hommes est une participation à la sainteté de Dieu. Aussi la Bible n’est-elle pas pour nous la seule source nous permettant de comprendre ce qu’est la sainteté. La fête de la Toussaint est là pour nous dire la richesse de la sainteté chrétienne tout au long de l’histoire du peuple de Dieu. Richesse et diversité car chaque saint, chaque sainte, incarne en quelque sorte un aspect de la sainteté de Dieu à une époque particulière. Les saints et les saintes sont des membres éminents du corps mystique, de l’Eglise. L’image que Paul emploie pour nous parler de l’Eglise, celle du corps du Christ, indique bien la nécessaire diversité de la sainteté. De la même manière que dans un corps il faut des membres différents ainsi les saints et les saintes forment ensemble dans leur diversité l’unique image du visage du Christ. D’une certaine manière les saints et les saintes prolongent dans l’histoire de l’Eglise le mystère de l’incarnation. Depuis l’Ascension Jésus n’est plus présent parmi nous de manière visible. Les saints et les saintes rendent présent le Christ Ressuscité à notre humanité. De ce point de vue on pourrait dire que les saints et les saintes forment ensemble comme un huitième sacrement : ils rendent présent le Christ et nous attirent à la communion avec lui.

Je voudrais méditer brièvement sur la sainteté chrétienne à partir d’un texte de saint Paul, dans sa lettre aux Galates, texte qui ne se trouve pas dans la liturgie de la Parole de cette fête et que je cite donc maintenant :

Je vous le dis : vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu ; alors vous n'obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s'opposent à l'esprit, et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. Mais en vous laissant conduire par l'Esprit, vous n'êtes plus sujets de la Loi. Voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi.

 

Paul nous montre que notre nature humaine, blessée par le péché, nous empêche de réaliser notre vocation de chrétiens qui est la sainteté. Pour que Dieu puisse vivre sa vie en nous, nous devons nous en remettre à lui par la foi : nous laisser conduire par son Esprit. L’Esprit nous délivre d’une vision légaliste de la sainteté : celle-ci ne consiste pas d’abord à être fidèle à une loi ou à des commandements. La sainteté c’est surtout le désir de Dieu, le désir de vivre en communion avec le Christ. Si nous nous laissons conduire par l’Esprit alors nous sommes sur ce chemin de vie qui fera de nous des saints et des saintes. Nous le voyons la vocation à la sainteté ne s’adresse pas à des hommes parfaits mais bien à des hommes de chair qui connaissent en eux la lutte entre les tendances égoïstes de leur nature et la charité de l’Esprit. Paul cite 9 aspects de l’unique fruit que porte en nous l’Esprit si nous l’accueillons et le prions. Pour savoir si nous nous laissons vraiment conduire par l’Esprit nous pouvons donc nous demander si ces fruits sont à l’œuvre dans notre vie. Les trois premiers (amour, joie et paix) sont essentiels. Les autres peuvent se regrouper en trois groupes : patience et maîtrise de soi, bonté et bienveillance, foi et humilité. Toutes ces qualités du cœur, ces attitudes spirituelles mériteraient un long commentaire. Mais la sainteté est peut-être d’abord une affaire de patience. Le véritable amour ne nous donne pas seulement le désir de faire le bien et de le rayonner autour de nous. Il nous donne aussi la force de supporter le mal qui est en nous et dans notre monde. La sainteté est un chemin, celui de toute notre vie, avec des moments de réussite et d’échec. D’où l’importance de la vertu de patience pour ne pas se décourager et garder en nous vivante l’espérance de la communion parfaite avec le Christ et avec nos frères et sœurs du ciel, les saints et les saintes.

 


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