dimanche 9 juin 2013

10ème dimanche du temps ordinaire / année C


10ème dimanche du temps ordinaire / C

Luc 7, 11-17

 

L’évangéliste saint Luc est le seul à nous rapporter le récit de la résurrection du fils de la veuve de Naïm. Un chapitre plus loin il nous rapporte le récit d’une autre résurrection, celle de la fille de Jaïre. Dans les évangiles nous trouvons le témoignage de trois résurrections faites par le Christ pendant son ministère public. La troisième est celle de son ami Lazare dans l’évangile selon saint Jean. Avant de regarder brièvement l’évangile de ce dimanche j’aimerais faire quelques remarques d’ordre plus général. Jésus a guéri beaucoup de malades mais n’a pas guéri tous les malades en Israël. Jésus a redonné la vie terrestre à trois morts mais il ne l’a pas fait pour tous les morts. Ces actes, en plus d’être des manifestations concrètes de l’amour du Fils de Dieu pour notre humanité, sont donc des signes. Dans le passé on utilisait souvent ces miracles pour « prouver » la divinité de Jésus. Mais la première lecture nous montre que de simples hommes comme le prophète Elie ont reçu de Dieu un pouvoir semblable. Et dans les Actes des apôtres Pierre et Paul ont aussi ramené à la vie des morts. Bien sûr si Elie, Pierre et Paul ont pu faire cela c’est bien grâce à Dieu et à lui seul. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’ils étaient des hommes comme nous. En redonnant la vie au fils de la veuve Jésus n’a pas voulu prouver sa divinité. Les témoins de ce miracle ont simplement reconnu en lui un grand prophète, comme Elie autrefois.  Le signe est donc ailleurs. En faisant cela le Seigneur nous enseigne que Dieu ne se réjouit pas de la mort de ses créatures. Dieu est du côté de la vie, pas du côté de la mort. La mort telle que nous la connaissons aujourd’hui, souvent précédée d’une déchéance plus ou moins longue et accompagnée de souffrances physiques et morales, est la conséquence du péché et de notre rupture de communion avec Dieu. Marie, la seule créature préservée du péché originel, n’est pas passée par ce genre de mort. C’est ce que les orientaux nomment la dormition et nous l’assomption. C’est par son Fils unique que Dieu a tout créé à partir de rien. C’est par sa Parole, son Verbe, qu’il a appelé toutes les créatures à l’existence. L’acte que Jésus pose dans notre évangile marque le commencement d’une recréation, d’une création nouvelle dans laquelle nous serons enfin libérés de l’esclavage du mal. Cet acte nous indique le seul et véritable ennemi du Christ, celui qu’il est venu combattre et vaincre : non pas l’homme pécheur mais le Mauvais, le tentateur, lui qui rêve de détruire la création du Père avec notre complicité consciente ou inconsciente. Le Mauvais qui sait très bien utiliser notre faiblesse, lui qui nous suggère d’utiliser notre liberté contre Dieu, pour le mal, et finalement pour nous détruire spirituellement et avec nous toute la création. Il suffit de constater, ce n’est qu’un exemple, de quelle manière les magnifiques progrès scientifiques de l’humanité ont été détournés en partie de leur noble fin pour donner la bombe atomique, les armes chimiques et biologiques, les manipulations génétiques etc. L’homme devenu fou est désormais capable de provoquer lui-même sa propre apocalypse, la fin de toute vie sur cette planète terre. Sans parler du fait qu’il est plus facile de trouver de l’argent, même en temps de soi-disant crise, pour acheter des armes que pour acheter de la nourriture ou des médicaments ! Sans la sagesse du Christ l’homme sert plus facilement la mort que la vie ; tuer lui semble tout aussi normal que guérir. Et à part quelques indignés tout cela se passe dans une indifférence quasi générale. En ressuscitant le fils de la veuve Jésus annonce aussi sa propre résurrection et son mystère pascal. C’est-à-dire sa victoire définitive sur le processus de mort dans lequel notre humanité s’est engagée depuis des millénaires. Voilà la différence essentielle entre Elie, Pierre et Paul d’une part et Jésus de l’autre. Tous ont redonné à des morts la vie de ce monde mais seul le Christ est ressuscité d’entre les morts. Seul le Christ a fait entrer notre humanité dans la gloire de Dieu.

Quelques mots à propos du signe rapporté dans notre évangile. Contrairement à la résurrection de Lazare ou à celle de la fille de Jaïre, c’est Jésus qui, ici, prend l’initiative. La veuve pleurant son fils unique ne lui a rien demandé. Dans le code de la charité propre à l’Ancien Testament les veuves avec les orphelins et les étrangers bénéficiaient d’un statut particulier, prioritaire en quelque sorte. Qu’est-ce qui pousse le Seigneur à faire de lui-même ce geste ? Sa pitié pour cette femme. Il veut tout simplement lui exprimer sa compassion et son amour. Le cœur du Christ est le cœur le plus sensible qui ait jamais existé, le plus vulnérable aux détresses et aux peines humaines. C’est parce que ce cœur est parfaitement saint, donc délivré de tout égoïsme et de tout repli sur lui-même. La résurrection du fils unique de la veuve est une belle et profonde manifestation de la grâce divine. Dieu en son Fils vient au-devant de nos besoins avant même que nous ne les lui fassions connaître. Ce que nous n’osons même pas demander ou imaginer, il peut librement et par amour nous l’accorder.

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