jeudi 1 mai 2008

Ascension du Seigneur

Ascension du Seigneur / A
1er mai 2008
Matthieu 28, 16-20 (page 704)
Pour dire l’unique mystère de l’Ascension les lectures bibliques de cette messe utilisent des expressions variées et différentes : enlevé au ciel, s’élever, disparaître aux yeux des disciples dans une nuée, assis à la droite du Père dans les cieux etc. Nos professions de foi n’ont retenu que deux de ces formulations bibliques : monter au ciel et s’asseoir à la droite du Père.
Nous pourrions penser que l’Ascension ferme d’une certaine manière la belle parenthèse de l’incarnation. Ou pour le dire autrement : dans l’histoire de l’Alliance entre Dieu et les hommes l’incarnation, la vie de la Parole de Dieu sur notre terre, se limiterait à une belle parenthèse. L’expression « monter au ciel » est en effet trompeuse et pourrait nous laisser penser qu’après l’Ascension les relations entre Dieu et ses créatures retourneraient à la situation d’avant Noël… Nous savons bien que cette conception est fausse. Cela valait cependant la peine de la signaler pour bien mettre en relief ce qu’est le mystère de l’Ascension. Comme je le dirai dans la préface de cette messe, le Christ ressuscité « ne s’évade pas de notre condition humaine mais en entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps l’espérance de le rejoindre un jour. » Le Christ ressuscité monte donc au ciel avec son humanité, notre humanité. L’Ascension n’est pas la fin de l’incarnation, elle en est plutôt l’accomplissement. Ce mystère nous montre justement le but de notre vie de disciples, le pourquoi de l’Eglise : que toutes les créatures humaines, et à travers elles tout le cosmos, puissent vivre la plénitude de la communion avec Dieu Trinité.
Le père Domergue utilise une très belle expression pour dire ce qui se passe au moment de l’Ascension : « Nous ne voyons plus le Christ parce qu’il a cessé de nous être extérieur. » L’Ascension est donc un approfondissement extraordinaire de ce qui est advenu à Noël, pas une négation de l’incarnation. En ce sens la formulation de saint Luc dans la première lecture est sans doute la moins piégée de toutes : ils le virent « disparaître à leurs yeux dans une nuée. » Oui, l’Ascension marque ce moment particulier dans la vie de l’Eglise naissante où le Christ Ressuscité devient invisible aux yeux de chair des disciples. Et de ce point de vue l’expérience de saint Paul est très intéressante. Contrairement aux autres apôtres il n’a pas fréquenté le Seigneur Jésus durant le temps de son ministère sur notre terre. C’est le Seigneur qui s’est manifesté à lui dans une vision en lui donnant le don de la conversion et de la vocation d’apôtre des païens. Lorsqu’il s’adresse aux Corinthiens, Paul se met dans le groupe de ceux qui ont connu Jésus avant l’Ascension : « Aussi nous ne considérons plus les gens selon les critères humains ; même le Christ, si nous l’avons connu dans son existence humaine, nous ne devons plus le connaître ainsi. » Ce « nous » est bien sur une figure littéraire pour capter l’attention de ses lecteurs. Relevons l’intérêt de cette citation pour nous : d’après Paul désirer connaître le Christ à la manière des apôtres ce serait non pas un progrès mais une régression. « Nous ne devons plus le connaître ainsi. » En effet par son Ascension le Christ a cessé de nous être extérieur. Ce n’est pas parce que nous le voyons plus avec nos yeux de chair qu’il ne nous est plus présent. C’est tout le contraire qui est vrai : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Avant son Ascension, le Seigneur était présent à un seul peuple, sur une seule terre : Israël, et ce pendant les trois années de son ministère public. A partir de l’Ascension la présence du Ressuscité est universelle : pour tous les peuples et dans toutes les nations. Il faut donc dire qu’avec l’Ascension et la Pentecôte la présence du Seigneur à son Eglise et au monde est encore plus forte. La question des disciples sur la Royauté en Israël montre la pesanteur spirituelle de ces hommes… Le Seigneur leur annonce alors le don de l’Esprit, force pour témoigner jusqu’aux extrémités de la terre ! C’est par le don de l’Esprit que la présence de Jésus ressuscité se fera intérieure à chacun des membres du corps ecclésial. Quant à la finale de l’Evangile de Matthieu, elle reprend, elle aussi, le thème de la mission universelle des disciples : « De toutes les nations faites des disciples. » Et c’est d’une logique imparable ! Si vraiment le Christ ressuscité, assis à la droite du Père, est universellement présent à notre monde, et non plus seulement à Israël, il faut que la mission de l’Eglise soit, elle aussi, universelle.
Fêter l’Ascension, c’est donc célébrer la présence du Ressuscité dans son Eglise et dans nos cœurs de baptisés ; c’est aussi quitter notre esprit de clocher, j’allais dire notre nationalisme religieux, pour, au souffle de l’Esprit, nous ouvrir à la mission universelle de l’Eglise. Tous selon notre charisme et notre vocation nous sommes responsables de cette mission, porteurs d’une Bonne Nouvelle vraiment catholique !
Amen.

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